Certains libres de Saint-Domingue deviennent des combattants pour l’égalité des races et des hommes. En voici un :
Vincent Ogé, né vers 1755 au Dondon, à Saint-Domingue, est un antiesclavagiste, acteur de la Révolution haïtienne. Mulâtre, issu d’une famille aisée, il fit de brillantes études et vécut d’abord en France. À la Révolution française, en 1789, plusieurs courants de pensée émettent des positions divergentes : certains sont l’égalité et les mêmes droits pour tous ; d’autres individus faisant partie du Club Massiac sont contre. Certains colons résidant en France se rangent de l’un et de l’autre côté de ces points de vue également.
En ce temps de questionnement, Ogé était toujours en France. Il était un activiste et fut l’un des fondateurs de la Société des Colons Américains, groupe proche de la Société des Amis des Noirs. Il argumenta pour l’égalité des libres mulâtres et affranchis auprès des députés à l’Assemblée Constituante. En mars 1790, le droit de vote est finalement accordé à tous les gens libres âgés de 25 ans et possédant immeubles à Saint-Domingue. Mention spécifique n’est pas faite des hommes et femmes de couleur.
Protestant à ce sujet et inquiété par les colons en France, Ogé décide alors de revenir à Saint-Domingue, le 23 octobre 1790, avec des armes et des munitions, en passant par l’Angleterre et les États-Unis. A son arrivée à Saint-Domingue, Il exigea par écrit l’égalité des gens libres de couleur et ajouta dans sa correspondance les paroles suivantes : « Je ne comprends pas dans mes réclamations, le sort des nègres qui vivent dans l’esclavage ». Devant la fin de non-recevoir de Borel, chef de la garde nationale du Cap, aidé de son ami et parent, Jean-Baptiste Chavannes, quarteron de la Grande Rivière du Nord, Ogé décida d’organiser une rébellion en armant plus de trois cents mulâtres dans les montagnes du Nord. Dans la nuit du 28 octobre 1790, ils parcoururent les plantations et menacèrent les blancs, pillant quelques habitations.
Des troupes de 1.500 hommes réagirent et dispersèrent la bande, arrêtant plus de deux cents d’entre eux. Les chefs des révoltés se réfugièrent alors dans la partie espagnole de l’île. Le 5 janvier 1791, Vincent Ogé fut livré par le Gouverneur de la partie de l’Est. Après un procès sommaire, treize furent condamnés à perpétuité aux galères et vingt-deux à être pendus. Ogé et son camarade, le noir affranchi Jean-Baptiste Chavannes, furent, eux-mêmes, roués vifs sur la place publique du Cap, le 25 février 1791.
L’événement marqua la fin des espoirs d’égalité des libres de couleur et noirs libres avec le blancs. Ils comprirent alors qu’ils ne pourraient avoir gain de cause qu’en s’alliant aux esclaves. Cet incident les poussa à s’allier aux esclaves contre les colons.
Quelles sont les raisons pour lesquelles certains mulâtres et noirs libres se rendaient en France au temps de la colonie ? Qui les envoyaient en France ? Sous quelles influences étaient-ils les gens en France aux environs des années 1789 ? Ogé fut-il un militant tant en France qu’à Saint-Domingue ? Qu’est-ce qui le montre ? Etait-il un parisien ou un saint-domingois ? Qui défend-il ? Dans quel camp est-il ? Justifiez votre réponse.