Voilà: un pied et demi de largeur, quelques fois moins, puisque bien souvent ils n’ont pas la place pour se coucher sur le dos, quatre à cinq pieds de long, et deux à trois de hauteur, en sorte que non seulement ils ne peuvent se tenir debout dans leur « prison mobile », mais même pas assis, s’ils sont un peu grands. Ils sont de plus enchaînés, de l’un à l’autre, jambe droite avec main droite, et jambe gauche avec main gauche. Le fer qui embrasse la jambe a à peu près la forme d’un demi-cercle: chaque bout est percé d’un trou à travers lequel passe une barre qui relie les différents anneaux servant à enserrer les jambes d’une rangée de nègres. « Représentez-vous dès lors ce que doivent souffrir ces infortunés nus, couchés sur le bois, meurtris par les chaînes qui déchirent leurs bras et leurs jambes, et dans les gros temps, se heurtant, s’ensanglantant réciproquement par de violentes contusions’. Représentez-vous ces cadavres livides entassés dans un entrepont étroit sans aucune circulation d’air, exhalant des vapeurs fétides, bientôt transformées en miasmes dangereux qui, trompés par leur transpiration, portent dans leur sang le poison de la mort…; représentez-vous le plancher de leur chambre tellement infecté d’odeurs putrides et couvert de sang, suite du flux dont ils sont souvent attaqués, qu’on croit être au milieu d’une boucherie… En vain, on multiplie les ventilateurs, les treillis; en vain, les pauvres malheureux, la bouche ouverte, la langue pendant, se collent à ces treillis pour aspirer un peu d’air; ce soulagement leur est encore refusé; le soleil, dans ces climats brûlants, dardé des rayons de feu, ou bien des pluies fréquentes inondant le vaisseau forcent de fermer les treillis, les ventilateurs, et les misérables noirs sont ensevelis vivants dans un sépulcre horrible. C’est alors qu’on entend les sanglots, les cris de la rage et du désespoir ». …Pendant la traversée, certains capitaines faisaient tendre des filets autour du navire chaque fois que les esclaves montaient sur le pont. Ce texte donne une idée et une impression des épouvantables geôles qu’étaient ces vaisseaux négriers.
QUESTIONS
Tracez ou imaginez un rectangle qui indique la longueur et la largeur de l’espace réservé à chaque esclave pour se coucher, pendant de longues semaines de voyage, dans les cales des négriers.
Tracez ou imaginez un rectangle qui indique la hauteur et la largeur de l’espace réservé à chaque esclave pour se mettre debout, pendant des semaines de voyage, dans les cales des négriers.
Faites un dessin qui montre comment les esclaves étaient attachés entre eux. Si possible, cherchez le matériel décrit et essayez de vous attacher l’un l’autre de la même manière.
Mimez les gestes et bruits que devaient faire les esclaves pour essayer de respirer.
A quoi sont comparés les bateaux négriers ? A partir de ce texte, essayez de dessiner quelques scènes montrant l’état et les difficultés confrontées par les esclaves dans les cales des négriers.