En 1702, M de Gallifet écrit : “La plupart des habitants font travailler leurs nègres au delà des forces humaines, toute la journée et la plus forte partie de la nuit”. Vers la même date, M. Deslandes, signale “Les habitants traitent leurs nègres avec la plus grande dureté; ils les font travailler au delà de leurs forces et négligent leur nourriture et leur instruction”
Trente cinq ans après, M. le Normand de Mézy, ordonnateur du Cap constate: “ L’état des nègres à Saint-Domingue est de travailler tout le jour, à la réserve de deux heures qu’on leur laisse pour prendre leurs repas, et une partie de la nuit, aux travaux des habitations pour leurs maîtres”
Les choses ne changèrent pas beaucoup. En 1777, un conseiller au Conseil supérieur de Port-au-Prince avouait: “ Les esclaves dont la condition est généralement affreuse sont livrés inconsidérément à l’avarice des cultivateurs, à leur imprudence, à leurs passions, aux plus rudes travaux, au désespoir”. Et que ce soit pour la culture de la canne à sucre ou celle du coton ou du café, le labeur des nègres commence avec le jour. A huit heures, ils déjeunent, ils se remettent ensuite à l’ouvrage jusqu’à midi. A deux heures, ils le reprennent jusqu’à la nuit, quelque fois même jusqu’à dix ou onze heures du soir; en sorte qu’on profite de la récolte, ils ne se reposent guère plus de quatre ou cinq heures de leurs travaux.
Girod de Chantrans décrit la rencontre qu’il fit de ces infortunés: “ils étaient au nombre de cent hommes ou femmes de différents âges, tous occupés à creuser des fosses dans une pièce de canne, la plupart nus ou couverts de haillons. Le soleil dardait à plomb sur leurs têtes; la sueur coulait de toutes les parties de leur corps; leurs membres appesantis par la chaleur, fatigués du poids de leurs pioches et de la résistance d’une terre grasse, durcie au point de faire rompre les outils, ils faisaient de grands efforts pour vaincre les obstacles. Un morne silence régnait parmi eux; l’heure du repas n’étant pas encore venue. L’oeil impitoyable du gérant observait l’atelier. Plusieurs commandeurs armés de longs fouets, dispersés, frappaient rudement de temps à autre ceux qui par lassitude semblaient forcés de ralentir, nègres ou négresses, jeunes ou vieux, indistinctement.
QUESTIONS
Quelles sont les quatre personnes que l’on cite et qui ont décrit les conditions de travail dans ce texte ?
Notez l’horaire de travail donné par chacune de ces personnes. Ecrivez cet horaire dans chacun des cas ici décrits.
Quelle tenue vestimentaire portait les esclaves ? Quels outils utilisaient-ils ?
Mimez les mouvements faits par les esclaves durant le travail agricole. Mimez aussi ceux faits par les commandeurs.