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La nourriture des esclaves

Le système le plus simple eut été de faire préparer dans chaque plantation la nourriture pour tous les esclaves, ou du moins de distribuer quotidiennement sa ration à chacun. Au lieu de cela, on délivre aux noirs leurs provisions pour une semaine, leur laissant le soin de la préparer eux-mêmes. De là, deux inconvénients: le premier qu’étant la plupart du temps incapables de calculer ce qu’ils peuvent manger chaque jour pour atteindre la fin de la semaine, les nègres lorsqu’arrivent les derniers jours n’ont plus rien à se mettre sous la dent; le second, qu’occupés tout le temps, ils sont à peu près dans l’impossibilité de faire une cuisine quelconque et réduits le plus généralement à absorber leurs aliments sans préparation.

La ration hebdomadaire de l’esclave doit être, suivant le Code noir, de deux pots et demi de manioc ou trois cassaves, de deux livres de boeuf salé ou trois livres de poisson”, mais elle varie naturellement à l’infini. Voici un autre menu: six à neuf pintes de farine de gruau, ou de riz ou de pois, de six à huit harengs, avec faculté d’en remplacer une partie par du biscuit ou de la mélasse. Et si au moins ces distributions eussent été régulières, et si ce régime échauffant de viande et de poissons salés eut été réparateur!

Le système de l’alimentation hebdomadaire était le seul légal. Le système le plus pratique aurait été celui qui eut consisté à exiger des propriétaires des plantations de légumes et de fruits suffisants à nourrir leurs esclaves. En ce sens, le 3 mai 1706, un règlement du Conseil de Léogane ordonne “qu’il sera planté 150 pieds de manioc par chaque tête de nègres depuis l’âge de douze ans jusqu’à 60, et 10 pieds de bananiers et que, de plus, “il sera fourni une fois l’an, ou dans deux récoltes, tous les ans, un baril de grains, soit pois, maïs ou mil, par tête des dits nègres, sans que cela puisse diminuer les autres vivres qui sont ordinairement en terre, soit patates ou ignames”. Mais ce règlement et d’autres semblables durent rester lettre morte parce que les nègres volent la nuit et parce qu’ils ne sont pas nourris par leurs maîtres” dit M de Gallifet. Aussi, en 1762, le baron de Saint-Victor notait que “les trois quarts des maîtres ne nourrissent pas leurs esclaves, et qu’ils leur dérobent presque toujours le repas que les lois leur attribuent”.

QUESTIONS

Selon le Code Noir, que devaient recevoir comme ration les esclaves, chaque semaine ? Quelles recettes de cuisine pouvaient-ils faire, selon vous, avec de telles provisions ? Citez des plats possibles que nous cuisinons avec ces aliments jusqu’à nos jours.

Pour compléter le menu, quels autres produits les colons étaient-ils obligés de leur donner parfois ?

Les esclaves étaient-ils obligés de cultiver des champs pour renforcer leur menu? Que plantaient-ils dans leurs champs ? La diète était-elle pour autant suffisante ? Expliquez.

Y aurait-il pu avoir d’autres solutions pour préparer les repas des esclaves ? Laquelle ou lesquelles ? Quels seraient les avantages qui auraient pu en découler ?

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