Un arrêt du Conseil du 31 juillet 1767 permet, sans exception et sans exclusive, à tout négociant et amateur de se livrer au commerce de la traite. D’où venaient ces malheureux? Des comptoirs du Sénégal, de l’île de Gorée, du Bénin, d’Angola, de Saint-Paul-de-Loanda. Ils sont recrutés à l’intérieur des terres par des courtiers qui se les procurent selon d’invariables moyens: enlèvement à main armée, et l’achat aux chefs de tribus de leurs prisonniers de guerre, de leurs condamnés de droit commun, ou simplement de ceux de leurs sujets dont ils veulent se débarrasser. Placés ensuite en colonnes, les nouveaux captifs sont dirigés vers la côte, liés les uns aux autres. … on les entasse pêle-mêle dans les trunks. “C’est dans ces trunks”, lieux d’horreur et de consternation, véritables salles de putréfaction, où ils sont obligés de confondre tous leurs excréments, qu’on les tient enfermés nuit et jour, de crainte de les voir s’enfuir; c’est là qu’on éprouve ces odeurs infectes qui font évanouir les Européens qui y entrent seulement un quart d’heure, et qu’on fait subir aux malheureux, qu’on y retient jusqu’à leur départ, un supplice continuel qui épuise en peu de jours santé et vigueur”.
Aux trunks s’approvisionnent les marchands d’esclaves, les capitaines négriers. Généralement, les ventes se font par lots d’hommes, de femmes, d’enfants, de jeunes et de vieux, de robustes et de malingres pour faire passer les médiocres ou les mauvais; et ainsi s’établit une sorte de prix moyen. Après un minutieux examen médical qui donne lieu aux scènes répugnantes que l’on suppose et à d’interminables discussions – car le manque d’une seule dent, une tâche dans l’oeil, la perte d’un doigt rendent un esclave défectueux, comme esclave de première qualité – le marché se conclut entre courtiers et négriers, ceux-ci embarquant alors les noirs qui leur ont été refusés et dont ils ne peuvent plus espérer aucun profit. Les captifs qui passent de ces trunks dans l’entrepont des navires, changent de lieu sans changer de douleur. On sépare les hommes des femmes; mais , à part cela, ils sont traités comme des animaux.
QUESTIONS
A partir de quel moment l’achat et la vente des esclaves sont-ils devenus des opérations libres ?
Où achetait-on surtout les esclaves en ce temps-là ?
Que faisaient les courtiers ou acheteurs d’esclaves pour en trouver et en acheter ? De qui achetaient-ils leurs esclaves ?
Quelles étaient les actions entreprises au moment de l’achat d’un ou de plusieurs esclaves pour déterminer leur prix ?
Comment appelait-on les lieux où on gardait les esclaves attendant d’être vendus ? Dans quel état étaient ces lieux ?