Ce texte retrace les batailles dans l’Ouest de 1791 jusqu’à la victoire finale. Il montre combien d’efforts et de territoire il a fallu pour en venir à bout des colons et obtenir la liberté.
La première commission civile débarque fin novembre 1791. Le 21 novembre 1791, c’est l’affaire Ste Cécile. Le bilan est lourd : 27 îlets sur les 30 de la ville (de Port-au-Prince) détruits, incendiés et pillés, 500 familles sans abri et des pertes chiffrées à 45 millions de livres tournois. Les maisons Fleuriau n’ont pas échappé à la destruction. Les gens de couleur se retirent sur l’habitation Santo et Port-au-Prince est assiégé au Nord (à Drouillard) par Beauvais, et au Sud (Bizoton) par Rigaud. ( …) Les blancs de la ville se lancent dans des sorties contre la Croix-des-Bouquets.
Les 10 et 22 mars1792, la Garde Nationale de Caradeux et l’Artillerie de Praloto, 3.000 hommes en tout, se répandent en deux colonnes dans la plaine, l’une par Charbonnière et l’autre par le Portail St-Joseph. Des troupes auxiliaires noires, « Les Africains », commandées par un certain Cayeman, les précèdent, répandent la terreur, pillant les habitations en promenant des têtes de mulâtres au bout de piques. Cent- soixante de ces derniers sont tués, deux cents passés au fil de l’épée.
Dans la nuit du 30 au 31 mars (1792), les affranchis usant de leur dernière ressource, soulèvent les ateliers : 15.000 esclaves de la plaine, conduits par un jeune chef du nom de Hyacinthe Decoudray déferlent sur la Croix-des-Bouquets qu’ils enlèvent au prix d’énormes pertes. Le lendemain, Hyacinthe réunit les commandeurs à Santo. Le 4 avril, l’atelier Fleuriau enrôlé de force par les mulâtres est détruit.
En septembre 1792, on apprend par la rumeur politique que le calme est entièrement remis à Port-au-Prince et que les habitations recommencent à rouler ( …) car en juillet, 6.000 hommes de troupe avaient été envoyés dans la colonie avec les nouveaux commissaires civils. Des mouvements insurrectionnels recommencent à parcourir la plaine depuis le 23 janvier 1793. Les bandes de marrons de Mamzelle incendient nombre d’habitations et massacrent les hommes de couleur et les blancs. Les révoltés incendient plusieurs habitations voisines de Fleuriau le 25 janvier.
En février (1793), le chevalier de Borel qui remplaça le chef de la Garde Nationale (Caradeux) à la tête des troupes blanches de Port-au-Prince, a entrepris deux sorties contre la Croix-des-Bouquets à la tête de 1.800 fantassins, 100 dragons et huit pièces de campagne. Les riches habitations sont remises aux mains des blancs. Le 3 février, 3.400 esclaves armés de flèches et de fusils de chasse ont tenté de résister à Santo où 30 d’entre eux ont péri. 150 autres sont tués à Peyrac le 7 (…) ; et le 12 à Digneron ; puis, le 18, (le nommé) Guimbeau échoue dans des attaques. Les gazettes font état de 1.500 morts selon des rapports exagérés et grossis.
Le 21 octobre (1792), Port-au-Prince, toujours opposé au nouvel état de choses, est déclaré rebelle par les commissaires civils qui viennent l’assiéger à la tête d’une flottille de 5 navires de guerre. Lasalle campe au Portail St Joseph avec 1.200 affranchis et 150 soldats européens. Beauvais est à Bizoton. Après une canonnade qui dure plusieurs heures, Norel s’enfuit et la ville capitule. Sonthonax impose une contribution de 450.000 livres, et arrête et déporte les plus compromis des rebelles. On procède à un millier d’arrestations et à 250 déportations. Ceux qui paraissent dangereux pour la tranquillité de la colonie peuvent passer aux Etats-Unis jusqu’à la paix. Une proclamation des commissaires donne 15 jours aux nègres révoltés pour mettre bas les armes, tout en accordant certaines libertés, et les propriétaires sont frappées d’une imposition de ¼ de leurs revenus.
Au début de 1794, les Anglais et les Espagnols se sont emparés de la plupart des villes. La plaine du Cul-de-Sac est encore pour quelques temps aux mains des Français. Mais en décembre 1793 déjà, quand le commandant Boyer fit une tournée d’inspection sur ordre de Sonthonax, sur toutes les habitations, il ne trouva que trente ou quarante noirs au jardin. Les blancs n’étaient plus sur les plantations. Ils avaient émigré ou étaient en prison.
Dans la plaine, depuis février (1793), une formidable insurrection des ateliers a éclaté contre les mulâtres de Beauvais sous la conduite d’un nouveau chef, Halaou, africain d’une taille gigantesque et d’une force herculéenne qui règne sur ses bandes par superstition, tenant toujours sous son bras un grand coq blanc qui lui transmet, prétend-il, les volontés du ciel. Finalement Halaou est assassiné le 17 mars au cours d’un repas offert en son honneur. Quelques jours plus tard, plusieurs de milliers de nouveaux libres sous la direction de Bebé Coustard envahissent la Croix-des-Bouquets. Les mulâtres restent maîtres de cette ville et de la plaine.
A l’époque, les habitations de l’Ouest sont un exemple et n’ont pas tellement souffert. Certaines comme Goureaud sont passés sans crise du travail esclave au travail libre, les grands propriétaires en imposant par leur conduite. Mais le 21 août 1793, certaines propriétés désertées sont confisquées « au profit des bons républicains ».Dès avril 1795, des fortifications sont établies dans la plaine et ses environs. Le 20 septembre, c’est le retour de l‘ancien régime et l’esclavage est rétabli. De nombreux colons deviennent officiers dans l’armée de sa Majesté Britannique, recrutent des esclaves pour former des compagnies de 50 hommes avec promesse de liberté. A la fin de 1795, ils sont 8.170 et commettent de nombreuses exactions, des assassinats même. Seul Pompée et Dieudonné qui occupent encore les hauteurs de l’Hôpital de la Charbonnière gênent encore les Anglais.
Toussaint Louverture, affranchi depuis 1777, avance vers la plaine au début de 1797. Au début de 1798, il dispose de 20.000 hommes dont 700 européens et 1.000 cavaliers. En février (1798), il fait occuper les Grands Bois et Thomazeau. Le 15, Laplume et Pétion prennent la Coupe après 4h30 de combat. Les camps de Nérette, Digneron et Fleuriau évacués dès le 8 mai 1798 par les Anglais sont occupés par les Républicains. Saint-Marc, L’arcahaye, la Croix-des-Bouquets tombent. Port-au-Prince est abandonné le 16 mai par les Anglais, après les négociations Maitland-Toussaint. Sous les Anglais, les colons sont plus féroces, mais la plaine était admirablement cultivée.
Un inventaire des habitations est effectué le 8 mai 1798 ; on ne parlera que de cultivateurs libres. Vers fin août, Toussaint s’attaque au parti des gens de couleur, son dernier obstacle. En février 1799, une cinquantaine de mulâtres sont exécutés à Port-au-Prince et Jacmel. Dans la Plaine du Cul-de-Sac, sur l’habitation Drouillard, se produit le premier affrontement de ce qu’on appellera la Guerre du Sud.
Le 3 septembre 1799, Lamour Dérance tend une embuscade meurtrière tuant 14 dragons, dont 12 blancs. Toussaint redonne entre-temps confiance à certains blancs qui rentrent dans sa garde personnelle. Il essaie d’agir sur la restauration des cultures par une série de mesures agricoles, par les règlements des 15 novembre 1798 et 12 octobre 1800, en généralisant le système du fermage des habitations séquestrées. Les habitations retrouvent alors un semblant d’activités. Toussaint et Dessalines et certains officiers noirs acquièrent alors de grands domaines.
Le 5 février 1802, avec l’expédition Leclerc, La France essaie de reprendre le dessus. Boudet débarque en cette date à Lamentin et enlève le fort Bizoton, puis Port-au-Prince. Le 9 février (1802), Boudet chasse les chefs indigènes (Dessalines) de la zone, à Charbonnière. En mai, Toussaint n’a toujours pas rendu les armes.
Les anciens colons réoccupent leurs domaines. En décembre l802, la garnison française de la Croix-des-Bouquets sous les ordres de l‘adjudant général Gilbert Neraud est forte de 700 hommes : un bataillon de 500 hommes de la 86e européenne, un escadron de 160 gendarmes. Sur l’habitation Beudet, i y a un corps d’observation de 200 cavaliers. La plaine est couverte de blockaus jusqu’au pont de Sibert au Nord. Le plus important est celui de Drouillard qui protège la route de Port-au-Prince, dit Port Républicain. Seul Pétion inquiète un peu les Français en décembre 1802. Il est parvenu au Cul-de-Sac en chassant les colons des Grands Bois. Ses troupes campent au Trou d’Eau sur l’habitation Bottineau. Elles prennent les blocus de Thomazeau, la Mardelle, Jonc, mais sont tenues en échec à Duval.
Le 9 décembre (1802), à Pierroux, Neraud sauve momentanément les Français en battant les troupes de Pétion. Celui-ci se retranche à La Coupe où il rencontre Germain Frères à la tête de la 11e demi-brigade. Lamour Dérance n’a plus qu’un seul camp à Frères. Rochambeau fait élever alors des blocus à Santo et Drouillard. Des émissaires de Cangé qui veulent soulever des ateliers sont pendus et son armée arrêtée à Borgella. Le 4 juin, 1803, Pétion et Dessalines enlèvent l’habitation Laserre à Lavalette, les troupes insurgées campent â Guibert au Grand-Fond. Beaucoup d’ateliers les y rejoignent et l’incendie de la Plaine du Cul de Sac est décidé. Le camp O’ Gorman tenu par 40 Français tombe. Les troupes de Dessalines renforcéespar les ateliers s’arrêtent à Descloches et brûlent Pera, Pierroux, Cotard, les environs du bourg, traversent la Grande Rivière pour incendier Tabarre et Chateaublond. Le quartier général est établi à Moquet. La plaine, préservée de l’incendie depuis 1790, est en flammes. Le Français Lux malgré une victoire à Santo se retire de la Croix-des-Bouquets vers l’Est Les Français ne conservent alors plus que des blocus de 80 hommes aux postes du Grand Chemin de Port-au-Prince: Damiens, Santo, Drouillard qui sont attaqués par 10.000 hommes dont de nombreux cultivateurs, les 17 et 18 décembre 1803. Il y eut alors un millier de morts et 300 prisonniers français. Il ne restaient alors que les débris de la 5e légère compagnie qui se refluèrent, au nombre de 500 survivants, vers le Port Républicain en passant par Chancerelle. Et, les français sont alors définitivement chassés de la plaine. Lamour Derance est arrêté. Dessalines devient ainsi maître de la situation avec 15.000 hommes, tandis que les troupes de Cangé et Gabart cernent Port-au-Prince. Le 9 octobre, c’était déjà l’évacuation.
Inscrivez les la date et les lieux des divers combats menées. De combien de batailles s’agit-il ? Tracez la progression et trajectoire des troupes dans le département de l’Ouest sur une carte. Où furent victorieuses les troupes indigènes ? Où sont-elles perdantes ? Combien d’individus libres ou esclaves se sont alliés pour vaincre les colons troupes françaises dans l’Ouest durant la période en question ?