En été 1790, les libres opposés à l’annulation de l’esclavage promettent aux esclaves leur soutien pour l’application du décret du 4 avril 1790 et étouffent ainsi une rébellion qui leur serait personnellement nuisible. Partout les incendies se multiplient cependant ; et des colons se réfugient aux Cayes pour laisser, à la campagne, le champ libre aux esclaves du Sud. Des noirs affranchis comme Cupidon dans la Grand’Anse haranguèrent des esclaves pour une prise d’armes et leur désertion des plantations.
En juillet de l’année suivante, en 1791, le commandant du Sud, Thiballier, convoqua Armand, commandeur de l’Habitation Berault ainsi que Marial, surnommé Maréchal également commandeur de l’Habitation Pesmerle. Insurgé mais bousculé par les colons, Armand regagne son camp près des Platons et Martial atteint le sommet de Boucan Tuffet dans le Macaya sur l’autre versant de Plymouth. Il est rejoint par les chefs de bandes Jacques Formon, Felix, et Bertrand, commandeur de l’habitation Perigny.
En septembre 1791. Bernard, homme de couleur de Corail se met à la tête des affranchis à Fond Bayard et attaque le Poste Plinquet. Les colons mettant des esclaves à leur trousse pour les capturer à raison de 40 gourdes par tête, Bernard se réfugie aux Cayes. Un peu après, aux Coteaux, Bénèch lâche ses hommes sur des plantations et il les incendie. L’année suivante, le 4 février 1794, c’est enfin le décret abolissant l’esclavage à Saint-Domingue.
En juillet 1802, dans la zone de Jérémie, Dommage, officier indigène, essaya par tous les moyens mais, en vain, de résister à l’expédition de Leclerc. Il est trahi par un adjudant européen et deux officiers noirs de sa brigade. Toussaint Jean-Baptiste, surnommé Lapaquerie, un boucher, prend alors la tête du mouvement insurrectionnel assisté de Lazare et Malbrouck. Ils sont aidés de Claude Chatain de Jérémie qui essaie également de soulever les esclaves de plantations. Les émissaires de Dommage sont Isidor, voisin de l’habitation Parouty, Corus de l’Habitation Leroux, et Jean-Jacques. Les complices de tous ces chefs d’insurgés seront jugés et condamnés aux chaînes.
Le 9 juillet 1802, une centaine de noirs se réunissent chez Cofi (ou Cossée). Ils sont visités par le colonel Berger qui épiât les conjurés. Le 10 juillet 1802, Joseph Darmagnac est à la tête de 400 cents noirs non loin du Fort L’Islet et pense embraser la plaine des Cayes. Vingt à vingt-cinq combattants sont tués. Des désertions de soldats noirs se multiplient dans les rangs de l’Armée Coloniale.
Durant l’été 1802, du côté d’Aquin, l’assassinat d’un résident blanc, Cassagnol, débouche sur la révolte. Un lieutenant de milice nommé Charles s’empare du fort St Louis puis d’Aquin le 17 août 1802. Ils sont aidés de Jaussaume, officier ignorant les ordres de l’officier Laplume encore soumis aux colons. L’arrivée de renforts des troupes françaises forcent les insurgés à se refugier à l’Anse a Veau.
Dans la Grand’Anse, le mouvement insurrectionnel refait surface avec Jean Panier à la fin de septembre 1802. Ils assaillent six habitations et tuent des colons. Jean Panier se suicide quand il se rend compte durant son interrogatoire et captivité qu’on veut faire de lui un indicateur de Dommage.
Le 16 janvier 1803, le colonel Gefrard culbute les contingents de Bernard et Berotte de l’habitation Pernier pour occuper l’Anse à Veau. Dessalines proclame alors Geffrard général de brigade.Ce même 16 janvier, la ville de Tiburon tombe aux mains des révoltés grâce à Gilles Bénèch, Goman et Régnier aidés en armes et en munitions par Desravines, responsable de Tiburon et de Férou en charge des Côteaux. Wagnac, Trichet et Vancol arrivent de Port-Salut et demandent à Férou de prendre la tête de l’insurrection à peine déclenchée par eux. Ils entamèrent une longue marche pour investir les Cayes.
Puis, Camp Perrin se révolte avec Guillaume Lafleur et La Fredinière, un blanc. Ils sont contrés par le général Laplume. Férou reçoit alors l’allégeance de tous les chefs de bande de la région des Platons: Armand Beraults, Goman, Formon, Gilles Bénèch, Guillaume Lafleur. Ils mettent en déroute Berger et Laplume qui sont obligés de se retrancher aux Cayes. Geffrard attaque alors l’Asile et vainc les troupes françaises. Cangé, Férou, Vancol, Gérin, Jean-Francois, Francisque encerclent les Cayes et font un premier assaut contre la ville le 8 mars 1803. Les troupes indigènes sont alors obligées de se replier au Camp Gérard.
Le bateau Kerpoisson sur ordre de Berger revenant de Jérémie où il s’approvisionnait en armes est arrai- sonné par Begon, un mulâtre, et Aoua, un noir. Kerpoisson est fait prisonnier, torturé et pendu. Ce même 9 mars 1803, Rochambeau dépêche le général Sarrazin à Tiburon. Il est obligé de rebrousser chemin car il ne trouve pas le général Laplume au rendez-vous. Il fut attaqué à Torbeck par Geffrard et perdit 700 hommes avant de se replier sur les Cayes.
Le général Brunet est dépêché aux Cayes le 6 avril 1803. Il fut ralenti dans son mouvement par Gérin à Cavaillon. Appuyé par Thomas Durocher, Moreau à la tête de 200 hommes arrête l’avancée des troupes de l’officier français Marfranc. A la même époque, Férou fait face aux hommes de Sarqueleux aux Coteaux. Le Général Geffrard intervient pour contrer le General Darbois et celui-ci est forcé de s’enfuir en canot vers Jérémie.
A la date du 13 juin ou le 5 juillet 1803, Dessalines arrive aux Cayes. Il procède à l’organisation des forces militaires du département. Il nomme Geffrard général de division et commandant du sud en lieu et place de Pétion, promu général de brigade et commandant des troupes de l’Ouest. A titre de général de brigade, Gérin est fait commandant de l’arrondissement de l’Anse à Veau, Jean-Louis François est fait commandant d’Aquin, Ferou devient commandant de Jérémie et Moreau Coco Herne est fait commandant des Cayes avec obligation d’occuper militairement les chefs lieux de leur juridiction.
Férou commança la campagne des Irois qu’il occupa le 5 juillet 1803, un mois après l’entrée de Geffrard aux Cayes. Bazile atteignit l’Anse d’Hainault et s’empara du Camp Bourdon et de l’habitation Bayard. Le 20 juillet, il réduisit la garnison de Marfranc et Férou occupa Dame-Marie et les Abricots. Puis Férou marcha sur Jérémie qui capitula le 24 juillet 1803. Le général français Fressinet demanda une trêve de quelques jours pour préparer l’évacuation. Le 17 octobre 1803, les troupes de Férou rejoignirent celles de Geffrard aux Cayes et le général Brunet fut forcé d’évacuer les Cayes avec ses officiers français.
Faites la liste des indigènes qui sont contre les Français et celle de ceux pro-français ou anti- indigènes dans le Sud, à divers moments entre 1791 et 1803. Faites aussi la liste des villes où il y eut résistance.